Recit pour mon vol de 55.82kms du 12/08/2023
Belle journée, régime de sud à sud-ouest sur une bonne partie de la région, mais avec du sud-est au décollage de Chabre et une partie de la vallée du Buëch. Les taux de montée étaient très corrects (entre 2 et 3 m/s) avec quelques noyaux plus costauds.
Plafonds annoncés entre 2 600 et 3 000 (du sud-ouest au nord-est de la zone de vol et selon l'heure) et on a trouvé environ 100 à 200 m de plus une fois en vol.
Peu de cumulification pendant le montage des ailes (12 h - 13 h) et de bons créneaux alimentés de face ensuite, puis une brise irrégulière, beaucoup de travers Est et moments sans aucun vent. De jolis cumulus étaient déjà formés avant le décollage (vers 13 h 45) et n'ont pas dégénéré ensuite, excepté au pic de Bure (quelques gouttes et coups de tonnerre vers 17 h).
Tentative d'aller-retour Laragne - Pic de Bure.
Attention, long récit pour un vol relativement court... mais j'ai apprécié et appris dans les récits des autres, alors, j'essaye de rendre la pareille...
J'arrive à la bourre sur le déco (12 h 10), les autres (Stéphane, Hervé, Jean-Yves, Nóra, Bertrand...) ont déjà monté leur aile et décollent entre 12 h 30 et 13 h 15 (quelques attentes nécessaires pour avoir du vent de face, mails ils montent vite ensuite). Ils partent en direction du col Saint-Jean pour faire un point à l'ouest avant d'explorer vers le nord.
Je décolle vers 13 h 45, Nóra m'attend au plafond, on avait dit "aller-retour vers le Pic de Bure", alors je ne fais pas de point à l'ouest ni à l'est, je fonce pour rattraper mon retard. On part ensemble vers Beaumont, mais je venais de m'approcher du plafond à 2 400 m alors qu'elle en redescendait et décide donc de refaire un tour pendant que j'avance. Elle part finalement plus tard mais plus haut que moi et plus à l'est et suivra un cheminement plus à l'est directement vers la pointe sud de Beaumont alors que je trouve un thermique relais venant d'Orpierre qui me fait arriver facilement à 2 400 m (les nuages sont bien 3 à 400 m plus haut).
Mon système radio dans le casque ne marche plus, je sors la radio du harnais pour essayer de parler directement, mais c'est la merde, je n'entends rien...
Il faut chercher un petit peu sur Beaumont pour trouver un vrai thermique (alors que le nuage est très étendu sur toute la zone, mais ça ne monte pas partout) et je refais le plafond à 2 930 m, pour attendre Nóra qui est, me semble-t-il, bien plus bas et vers l'ouest pour chercher l'origine du thermique sur la pente ouest encore au soleil (elle vient de se prendre une dégueulante alors qu'elle n'était pas très loin de moi).
Je vois passer des souples et des rigides pas très loin et je commence à me dire que ce n'est peut-être pas Nóra que je vois en dessous. Je fais un dernier tour sous le nuage en essayant d'attraper ma radio pour repérer Nóra et perds 150 m en moins de 2 minutes alors que j'ai l'impression d'être exactement à l'endroit où je montais 2 minutes plus tôt (ce qui a dû arriver à Nóra j'imagine).
N'arrivant pas à communiquer avec Nóra ni les autres, je décide de poursuivre et deux ailes devant (Jean-Yves et Stéphane ??) balisent deux thermiques différents, l'un plus à l'ouest du rocher de Jardanne et l'autre vers Sigottier. Je reprends 700 dans le premier pour remonter à 2 800 sous le nuage puis j'optimise en faisant une ligne droite montante pour sortir à l'ouest du nuage à 3 100 m, puis tourner vers le nord pour une nouvelle transition vers Aspres.
Arrivant sur la crête de Boulon (qui relie Aiguille/La Piarre au roc de Banne), je prévoyais de refaire le plein, mais je suis encore à 2 600 m et je perds le thermique au bout de quelques tours, donc je tire droit sur la Longeagne, qui est couverte sur sa moitié est par un gros nuage bien sombre où je retrouve un rigide et un souple un peu au-dessus de moi (il s'agit d'Hervé et Jean-Yves). J'entre dans le thermique à 2 200 m et c'est le plus gros thermique du jour avec +5 à 6 m/s sur plusieurs tours, donc je suis rapidement sous le nuage à 2950 m pour garder une marge car le nuage est très large.
Normalement, il est conseillé de passer par Durbonnas au nord avant de tourner à l'est vers le pic de Bure, mais là, le nuage est assez étendu en direction de Bure, donc je me recale à une distance raisonnable du bord du nuage et tire droit en faisant attention de ne pas trop monter sous le nuage. Ça marche très bien, je me permets même de faire un dernier tour pour sortir aux barbulles, sans passer par trop de dégueulante à l'arrière du nuage. J'ai beau être à 2 400 m, je trouve que c'est bas (on s'habitue vite aux plafonds), alors je cherche un thermique relais entre Aspres et Bure et un bon -3 m/s me guide vers un petit thermique au milieu de nulle part et ça me rassure de prendre 400 m pour continuer la transition vers Bure, en visant le coin sud-ouest, pendant que le taux de chute se dégrade.
La face ouest est au soleil, la face sud complètement dans l'ombre et depuis longtemps apparemment, le nuage est bien foncé. J'imagine qu'avec le régime de vent et la face au soleil, il me faut obliquer vers cette face ouest, mais je vois un planeur qui me dépasse par en-dessous et va explorer la face sud à l'ombre... il monte très légèrement (sans tourner). Donc je ne fais pas une longue incursion sur la face ouest et je file sous la crête au sud. Le planeur fait un tour devant pour me narguer et passer au-dessus de la crête, mais moi, je ne trouve rien sur toute la face sud, jusqu'après la combe d'Aurouze où j'arrive à zéroter de façon assez décevante.
À force de reperdre tout ce que je gagne en vol de pente (en repassant aux mêmes endroits pourtant), je me démoralise et je pousse plus loin, sur la crête sud-est qui repasse au soleil. Mais là, je commence à m'inquiéter un peu (je suis à 2 300 m, 250 m sous la crête) et je décide de me rapprocher de la plaine si jamais...
C'est là que je trouve le second plus gros thermique de la journée qui me remonte à 3 200 m, au bout de la crête qui descend du pic de Bure lui-même (la pointe sud-est du massif). Et là, il ne m'en a pas fallu plus pour me sentir regonflé à bloc comme si tout ça n'avait été que trop facile, alors je pars tout droit en direction de Céüze malgré le taux de chute à -3 m/s.
Mais je ne fais que descendre : -2,8 m/s de moyenne pendant 7 minutes, ce qui m'amène de l'autre côté de la vallée de Veynes, mais le col des Mias à l'ouest de Céüze me paraît maintenant infranchissable. Je continue à avancer vers lui en leger appui sur la crête d'Auriac qui prend un peu le vent de la vallée de Veynes (ouest/sud-ouest), mais j'y crois tellement pas que je ne vais pas jusqu'au col et je reviens dans la allée où ça continue de descendre à 3 m/s.
Quelques minutes après, je suis posé sans trop comprendre pourquoi tout a pris fin si vite. Pourquoi toute la vallée descendait comme ça ? 40 minutes plus tard, le nuage sur Bure était devenu complètement noir et larguait quelques gouttes pendant qu'on entendait le tonnerre en altitude. Fin de convection, rafales decsendantes au bord du nuage qui virait à l'orage ?
Je ne vais pas me plaindre, je suis rentré en stop à Laragne en 3 voitures et à peine plus d'une heure...