Le vol de BAPTISTE VAN ZIJL du 15/09/2020

Espaces aeriens : RAS
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trace GPS2020-09-15-igcfile-14803033-211880.igc
debut de tracemar, 15/09/2020 - 11:30 UTC
decollagemar, 15/09/2020 - 11:30 UTC
atterrissagemar, 15/09/2020 - 15:04 UTC
Plafond max2632 m
Vz max+4.8 m/s
Nombre de points de la trace4320
intervalle moyen d'enregistrement1 point/3s
Trous dans la traceOui, le plus long de 15s
cryptage FAIOK. signature = xdg

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Astuces d'utilisation de la carte : ( flyXC.app, une réalisation VictorB)

Recit pour mon vol de 38.90kms du 15/09/2020

Météo du vol: 

Une journée pas folle car de belles conditions annoncées, mais on ne sait pas si on pourra décoller d'Aspres. On a l'impression d'être à un mauvaise endroit au mauvais moment.  On fait des aller-retours sur la montagne d'Aspres pour sonder les conditions de déco. Finalement on se lance sur La Longeagne.

Décollage assez tôt car la brise de vallée est installée en Sud et la situation est annoncée changeante : risque d'orage et l'ouest est censé rentrer. Pour une fois, un cumulus surplombe la montagne d'Aspres. Ca devrait donc monter. Je pars le premier dans le groupe de deltiste.

Plafond annoncé à 2600m.

récit du vol: 

Sorti du déco, je monte bien. Je me décale au fur et à mesure vers les antennes. On forme un groupe de 4 deltistes en classe Sport.

Rémi me rejoint. Etant plus haut que lui, je tente la première traversée vers l'Aup. Je prolonge la montagne d'Aspres avant de suivre l'axe du verrou. Je me fais plomber. Je n'arrive même pas à 1800m alors que je suis parti à 2550m. La vache semble proche.

Je poursuis mon itinéraire en gardant un œil sur ma vache potentiel. Là je trouve un petit thermique sur un avant relief. Je me concentre, ce n'est pas le moment de stresser et de perdre ses moyens. Je le centre, il monte timidement mais surement. Là des amis vautours viennent voler avec moi. Un grand moment de bonheur quand ces derniers me sauvent définitivement en m'indiquant le vrai centre à 50m de moi. Nous thermiquons ensemble jusqu'au plafond. Là je tente la transition vers Durbonas, montagne que j'ai bien préparer sur les cartes il y a quelques jours. Seulement, les thermiques ne sont pas au rdv. Je retourne sur mes pas et il y a toujours une activité thermique, mais elle n'est pas puissante. L'Ouest est bien rentré, j'ai 11km/h sur le GPS. Je me mets donc en attente pour la prochaine bulle et garde un œil attentif sur le congestus d'Aspres. Je planifie également ma prochaine transition... La vallée que je veux enjamber ne pose pas. Il faut donc que j'aille au plafond. La distance n'est pas incroyable, mais je vais avoir la dégueulante de mon nuage, et si je veux trouver un thermique dans une zone inconnu, je ne peux pas me permettre de gaspiller la moindre centaine de mètre.

Ça y est, je transite vers Charajaille. J'avais entendu ce nom dans des conversations, mais la zone est inconnue. J'espère que c'est le chemin. Ça se passe bien. Mais la zone Sud de Charajaille que je visais se révèle difficilement exploitable. J'arrive en fin de cycle. Quelques tours dans le positif, puis une dégueulante me fait perdre 200m. Une fois de plus, je regarde mes vaches potentielles avec attention. Je décide de transiter à taux de chute mini sur un micro relief : la crête de Pignerole. Elle est bien orientée par rapport au météo, forme un petit entonoire rocheux avec des champs 150mètres en contrebas. Ça devrait le faire, la zone est éclairée et l'air froid. Et hop ! Pari gagnant ! Je prospecte ma petite crête rapidement dans la longueur. Zéroter c’est bien, mais si ça monte quelques mètres plus loin... Je trouve un thermique qui me remonte !

Là, je reçois le premier message radio de Rémi qui a du se vacher. Lui est passé par les avant relief de la vallée (Veynes). Il m'invite à le rejoindre, mais je ne trouve pas son église. Je poursuis donc ma monter en le cherchant du regard, quand un planeur passe à 300m de moi et prends une grosse pompe en plein milieu de la vallée qui sépare La Cluse de Montmaur. Sa direction : Pic de Bure. Peut-être la mienne aussi ?

Je prends donc sa trajectoire, et trouve un confortable thermique à +1.5m/s que j'enroule overdrive tendu. Je me laisse déporter avec l'Ouest et rentre l'adresse GPS d'un thermique que j'avais repéré dans mes études. 8,1 de finesse pour la tête de Pras Arnaud. Ça se tente ! J'y arrive sans encombre, quelle joie quand ça se passe comme prévu et dans des domaines inconnus ! J'avais observé les nuages au-dessus Bure, ils n'étaient pas haut, mais couvraient la totalité du massif. M'engager en dessous, je serai aveugle à un possible surdéveloppement. Je décide donc de ne pas trainer.

Un dernier tour dans l'ascendance, overdrive tendu, je m'engage... et découvre l'observatoire avec un plafond de nuage à 150m au-dessus. J'ai l'impression d'être dans un James Bond. Le paysage minéral, le peu de lumière, la discrétion de mon aile qui traverse sans bruit cette immensité : je suis en mission d'infiltration d'une installation secrète. Peu importe ce qu'adviendra la suite du vol, c'est le moment épic. Je regarde ma caméra, celle-ci n'a plus de batterie. Ce n'est pas grave, il faut que je grave ces images dans ma mémoire et savoure cet instant particulier. Je finis par rejoindre la dent d'Aurouze. Je croise les chamois en contrebas qui ne sont que des petites pointes sur le relief. Le Pic de Bure... ça doit être la pointe qui me surplombe encore. Je fais quelques essuies glaces dans une ascendance très faible. Je ne tente pas davantage : je suis toujours sous la couverture, je ne sais pas ce qu'il se passe. Je rebrousse donc chemin. Sur le retour, je ne trouve pas grand-chose, si bien que je m'enfonce et me retrouve au-dessus du village de La Montagne. Je vise la crête de 200m de haut qui sépare le lit de la rivière du petit hameau. Est-ce que je vais être chanceux une fois de plus ? Je longe, attentif au moindre micro-mouvement de mon aile. Je trouve un petit quelque chose. Je suis tellement bas que Rémi ne me voit plus de Montmaur et s'en inquiète. C'est à ce moment que je trouve un petit thermique. Rodé à l'exercice depuis plus de 2h, je suis détendu et enroule efficacement ce petit thermique. Je comprends que je ne réussirais pas à raccrocher le chemin "par le Nord" pour revenir sur Aspres. Je ne regagne pas suffisamment de hauteur et l'heure avance. 17h, en Septembre... il ne faut pas trainer autrement je vais être bloqué.

Je redescends au Sud vers Montmaur, et me place au-dessus d'une ruine à l'avant de la Crête. Je viens de consommer tout ce que je viens de gagner avec le précédent thermique. Nouvel exercice, nouveau lieu... et la magie opère à nouveau. Je reprends 400m qui me permettent de traverser et de longer la cîme de Pignerole... Je m'y place sur la partie Sud. Je fais le pari de faire des sauts de puces jusqu’à l’aérodrome d’Aspres. Pas évident… ça monte, ça redescend, les limites ne sont pas claires. Je finis par prendre la bulle. Je monte 300m au-dessus de ma petite crête, altitude 1630m. C’est osé, car je ne sais rien du coin, mais je tente la crête à l’ouest de Champerus qui culmine à 1050m, cela fait un glide de 3km, vent de face, sans aide à la décision (je vole sans points GPS depuis le Pic de Bure) avec 580m de gaz. Aujourd’hui, je calcule une finesse de 5.1, faisable, mais je ne connais pas les thermiques dans ce secteur.

Je tente, ça plane bien, mais je ne trouve rien… Encore rien. Mais ça glisse bien. J’ai le cerveau qui fuse dans toutes directions : trajectoire optimal, potentiel de thermique, analyse de l’air traversé, vaches possibles… Au final, les vaches possibles sont la seule chose importante, je cherche donc du regard chaque indice caché qui pourrait me gêner durant un atterrissage forcé. Mais… mais ça glisse ! Je me retrouve à faire 6km avant de trouver un thermique salvateur et puissant, au lieu des 3km prévu, en ayant consommé 670m soit une finesse réelle de 8.95… Mon glide le plus impressionnant, autant en therme de proximité du sol, qu’en terme de rendement. Je suis aux anges. J’enroule, la finesse « to goal » pour atteindre l’attero officiel (programmé entre temps) diminue à chaque tour. Le tour de force semble à porter : aller-retour au Pic de Bure avec un Sport 2, harnais barreau, pour mon 100ème vol.

J’ai une dernière idée folle : je vais boucler mon parcours en retournant sur la montagne d’Aspres. Je transite, je trouve enfin des thermiques familiers dans les combes des antennes. J’enroule dans l’euphorie la plus complète. Un dernier piège me guette : je suppose que le vent d’Ouest m’attend au tournant de la montagne. Je m’écarte donc du relief, prends de la vitesse pour traverser la zone de turbulence. L’aérodrome est en vue, je le survole. PTS, je pose en NO avec du vent fort, donc même pas besoin de courir pour pousser. Je pose mon aile, enlève mon casque…

C’est la plénitude.

Personne à l’attero pour partager ce moment… La récup est en route pour les copains moins chanceux. J’intériorise ma joie… Je prends le temps de la savourer avant de ranger mon aile.

Ce pliage se fait dans une ambiance religieuse.

Les copains arrivent et les félicitations se feront nombreuses. Cette journée sera fêté au restaurant…

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